LE REGARD DU PSYCHOMOTRICIEN SUR L’ESPACE DE TRAVAIL

Commençons par le commencement … Qu’est-ce que l’espace ?

Comme en psychomotricité… Reprenons dès le commencement avec le développement du bébé, une étape par laquelle nous sommes tous passés.

L’espace est une notion à la fois abstraite et concrète, à la fois interne et externe. Dès sa conception, le fœtus commence à appréhender l’espace autour de lui jusqu’à ce qu’à la naissance, il découvre l’espace de la pesanteur, l’espace extérieur au corps de sa mère.

Petit à petit, le nouveau-né va se construire une représentation de ce qui existe en lui, mais aussi autour de lui, ce qui le sépare des autres. 

La conscience de soi se base sur l’intégration des sensations internes et de l’axe corporel. C’est donc par ces deux voies que repasseront les adultes pour se recentrer sur soi. Tout simplement.

Puis, la conscience de l’espace externe, que ce soit l’environnement physique ou humain, se développe par l’expérimentation des déplacements, des gestes et des relations. Des repères se créent et servent de base pour construire d’abord l’espace proche autour de soi (espace de préhension), puis petit à petit l’espace qui grandit et devient complexe, en trois dimensions.

L’espace égocentré (autour de soi) devient alors progressivement exocentré et allocentré (extérieurs au corps).

Et puis se construit l’espace en deux dimensions, celui de la feuille, mais aussi celui des écrans. Celui qui finalement tente de retracer l’espace réel autour de soi, tout en supprimant cette perspective, cette notion de volume, ce qui vient parfois perturber nos représentations.

Quel est le rôle du psychomotricien dans la structuration de l’espace ?

La structuration de l’espace est une compétence psychomotrice qui se développe petit à petit, à travers plusieurs étapes, et qui englobe plusieurs sous-compétences comme :

  • l’orientation dans l’espace
  • le traitement visuo-spatial : la capacité à percevoir les relations spatiales des éléments entre eux
  • la visuo-construction : la capacité à organiser, assembler et structurer les informations spatiales, que ce soit en 2D ou en 3D.

Pour accompagner l’acquisition de ces compétences, le psychomotricien peut adapter et aménager l’espace. Il module alors les composantes spatiales pour s’adapter à la personne, en fonction de ses compétences, de ses besoins et de sa zone d’apprentissage.

L’espace de l’entreprise

L’entreprise représente un espace à la fois physique à travers les bâtiments, les locaux, les bureaux, les chaînes de production, … mais aussi un espace symbolique : c’est le lieu où se déroule le travail qui nous occupe 35h par semaine, c’est une identité visuelle, des valeurs, un type de management, une ambiance, … 

Ainsi, chaque personne au sein de l’entreprise va faire des allers / retours entre son espace personnel et l’espace de l’entreprise. Et pour s’y sentir bien, des aménagements seront nécessaires, que ce soit pour adapter l’espace aux contraintes du travail, ou pour améliorer le bien-être des salariés.

Car comme on aime se sentir bien chez soi, on aime se sentir bien dans son entreprise. Cela joue sur notre moral, nos émotions, et donc sur notre productivité.

Et concrètement ?

Concrètement, après une phase d’analyse et d’observation similaire au bilan, le psychomotricien va proposer des aménagements de l’espace, que ce soit au niveau individuel ou collectif.

Au niveau collectif : 

  • distinction des espaces, mise en place de repères physiques et symboliques
  • clarification et épuration des espaces (réduction des stimulations)
  • matérialisation d’espaces de transition (entrées, sorties)
  • création d’espaces individuels, et d’espaces communs en fonction des besoins
  • aménagement de chaque espace partagé pour en faciliter l’accès et l’utilisation

Au niveau individuel :

  • adaptation du poste de travail vers une posture idéale
  • réorganisation pour clarifier et structurer les informations
  • mise en place d’outils de disponibilité / indisponibilité
  • repenser l’utilisation des différents espaces au cours de la journée en fonction des besoins spécifiques

Il n’y a pas de solution miracle ou de méthode universelle qui pourrait s’appliquer à tous les salariés ou à toutes les entreprises. L’adaptation dépend de la taille de l’entreprise, de son domaine d’activité, de l’organisation interne, du profil des salariés, … Un ensemble de facteurs à analyser pour proposer une solution sur-mesure.

Et comme ce n’est pas une solution miracle, les résultats ne le sont pas non plus. Les propositions ont pour but d’améliorer l’espace de travail, mais ce n’est pas une garantie. Cela demandera parfois des ajustements, un temps d’adaptation au changement, ou un abandon de certains points qui seraient trop difficiles à mettre en place ou finalement pas adaptés. Cela fait partie du processus.

En revanche, ce qui est garanti, c’est que tout sera mis en œuvre par un travail d’expertise, d’écoute, d’observation et d’adaptation, pour trouver les solutions qui conviennent au mieux aux besoins spécifiques de chaque entreprise.